À quelques mois des élections présidentielles prévues en octobre prochain, la Côte d’Ivoire est plongée dans un climat politique tendu. Les débats autour de l’« ivoirité » et les conflits internes au sein du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) accroît les divisions nationales, créant un terrain fertile pour des tentatives d’ingérence étrangère.
Les tensions politiques au sein du PDCI-RDA, les conflits internes ont atteint un point critique. Valérie Yapo, membre influente du parti, a été menacée de poursuites judiciaires par des “jeunes cadres” proches de Cheick Tidjane Thiam, le président du parti. Ces animosités sont exacerbées par des débats sur la légitimité des candidats et les accusations de manipulation électorale. La question de l’« ivoirité » ajoute une couche supplémentaire de complexité à ce paysage politique déjà tendu. Introduit dans les années 1990 sous la présidence d’Henri Konan Bédié, le concept d’ivoirité a profondément marqué et déstabilisé la société ivoirienne en intensifiant les clivages ethniques et régionaux.
Cette politique de division a jeté le doute sur la nationalité de nombreuses personnes d’origine étrangère, provoquant des tensions entre les populations du nord et du sud du pays. À l’approche des élections présidentielles de 2025, ces divisions resurgissent avec force, alimentant les débats passionnés et les accusations de discrimination. Ces tensions internes et externes font vaciller l’appareil démocratique. Elles créent un climat de méfiance et d’instabilité, compliquant la tenue d’élections transparentes et pacifiques. Les divisions au sein du PDCI-RDA et les débats sur l’« ivoirité » risquent de déboucher sur des violences post-électorales, comme celles observées lors des élections précédentes.
La désinformation, un risque en pleine expansion
Dans ce contexte tendu, la démocratie ivoirienne, est particulièrement vulnérable aux campagnes de désinformation. Les questions identitaires et le sentiment d’appartenance nationale sont instrumentalisés pour diviser la société en période d’élection pour pouvoir influencer la population.
Par exemple, en octobre dernier, une vidéo sur TikTok a propagé de fausses informations sur un coup d’État en Côte d’Ivoire, paniquant la population. Ces campagnes de désinformation visent à exploiter les tensions existantes pour affaiblir les institutions politiques et semer le doute parmi les citoyens. En septembre dernier, encore, un réseau de faux comptes Facebook était animé pour amplifier le sentiment anti-gouvernemental et la propagande pro-russe en Côte d’Ivoire.
De manière similaire, les débats autour de l’« ivoirité » peuvent être utilisé pour propager des fausses informations et attiser les tensions ethniques et régionales. La récente suppression de Tidjane Thiam, des listes électorales en est exemple.
Face au risque accru de désinformation, des mesures préventives ont été prises. Le gouvernement ivoirien a lancé plusieurs initiatives pour lutter contre la désinformation et protéger l’intégrité des élections. Par exemple, le Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI) a lancé le projet Lutte Unie Contre l’Intox et la Désinformation Électorale (LUCIDE). Ce projet vise à former les journalistes et à sensibiliser le public aux dangers de la désinformation. Le ministre ivoirien des Communications, Amadou Coulibaly, a lancé une campagne nationale de sensibilisation en partenariat avec des organisations locales et internationales. Ces initiatives montrent que la Côte d’Ivoire est consciente du danger et prend des mesures proactives pour le réduire.
Les tensions politiques et les débats autour de l’« ivoirité » en Côte d’Ivoire créent un contexte fragilisé avant les élections présidentielles de 2025. En cette période charnière pour l’avenir du pays, il est essentiel que les citoyens restent vigilants et bien informés. La lutte contre la désinformation nécessite une mobilisation collective, une solidarité nationale et un apaisement de la vie politique, pour surmonter les défis qui se présentent.
Constantine
Lire l’article original ici.