La campagne pour l’élection présidentielle ivoirienne, prévue le 25 octobre prochain, est troublée depuis plusieurs mois par une vague de désinformation, souvent de provenance d’influenceurs burkinabés. Au mois de mai, une fake news a été diffusée, prétextant la préparation d’un coup d’État en Côte d’Ivoire.

Une période électorale polluée par la désinformation

Depuis le 19 mai, les réseaux sociaux ivoiriens ont vu éclater de fausses alertes : des vidéos montrant des soldats en marche et des titres chocs annoncent un coup d’État contre le président Alassane Ouattara. La BBC a identifié le premier message viral, publié par l’activiste burkinabé pro-gouvernemental Harouna Sawadogo, qui invitait ses 200 000 abonnés à partager une vidéo affirmant que « les soldats ivoiriens devaient se soulever ». Une heure plus tard, il superposait une image du président à des scènes de tirs tirées du conflit indo‑pakistanais à propos du Cachemire. Le lendemain, la désinformation s’est propagée aux anglophones du Nigeria, du Kenya et d’Afrique du Sud, amplifiant la panique.

Plusieurs influenceurs ont ainsi diffusé des fake news pour saper la confiance ivoirienne : ils glorifient notamment le chef du gouvernement burkinabé tout en menant des campagnes de déstabilisation en Côte d’Ivoire. Le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, a retracé l’origine des fausses informations jusqu’aux « pays voisins », sans toutefois désigner précisément qui. Parmi les porte‑voix les plus actifs, Harouna Sawadogo et le Sud‑Africain Mehmet Vefa Dag, chef du Mouvement pour la vérité et la solidarité, ont multiplié les messages glorifiant le coup d’État imaginaire. Leurs contenus, jugés dangereux pour la stabilité régionale, sont très largement diffusés et contribuent à alimenter la panique. Le 26 août dernier, c’est l’influenceur burkinabé Ibrahim Maïga qui diffusait du contenu agressif envers le gouvernement ivoirien dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.

Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont tendues depuis le coup d’État de 2022. Le président burkinabé a prétendu que la Côte d’Ivoire abritait des déstabilisateurs et a l’habitude d’accuser le pays d’être à l’origine d’un complot visant à renverser son gouvernement.

Le paradoxe burkinabé et le bilan désastreux de l’AES

Le même gouvernement qui accuse régulièrement la Côte d’Ivoire de déstabilisation est un habitué des fake news et des deep-fakes. Des fausses images générées par IA ont déjà représenté le président burkinabé aux côtés de l’artiste Beyoncé, chantant sa gloire et sa réussite. L’ironie est flagrante: les messages qui alimentent la panique en Côte d’Ivoire proviennent de sources burkinabé, qui, tout en prétendant une instabilité ivoirienne, chantent les louanges d’un gouvernement qui peine à maîtriser ses propres crises.

Le Burkina Faso est un membre de l’Alliance des États du Sahel, qui célèbre ses deux ans, après sa création le 16 septembre 2023. Aujourd’hui, le bilan est sombre. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger restent plongés dans une insécurité chronique: attaques djihadistes, déplacements massifs de populations et effondrement économique, difficulté à sécuriser les frontières poreuses du Sahel. Le Burkina Faso est devenu le pays le plus touché par le terrorisme selon le Global Terrorism Index. Les dépenses militaires absorbent la majeure partie des budgets nationaux, au détriment des services publics.

La désinformation qui pollue la période électorale ivoirienne n’est que le reflet d’un malaise plus profond au sein de l’AES. Tandis que les gouvernements burkinabé et leurs alliés s’efforcent de présenter la Côte d’Ivoire comme la « source » du chaos, ils perpétuent eux‑mêmes une guerre de l’information qui fragilise la crédibilité des institutions régionales et menace la stabilité de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Constantine



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