À sept mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, Ebrin Yao, président de la Plate-forme pour l’engagement citoyen de Côte d’Ivoire (PEC-CI) regroupant 37 organisations, associations, Ong et mouvements de la société civile Ivoirienne, a tenu une conférence de presse le mercredi 09 avril 2025 à Abidjan pour alerter sur les risques pesant sur le processus électoral et la stabilité sociale. Face aux médias, il a abordé les préoccupations liées à la liste électorale provisoire et le prix du cacao.
Ebrin Yao a entamé son intervention en s’attardant sur la liste électorale provisoire récemment transmise par la CEI aux formations politiques. Selon lui, ce document, qui constitue une étape-clé dans la préparation du scrutin présidentiel, soulève de sérieuses interrogations quant à sa fiabilité et sa transparence. « Cette liste doit être le reflet exact de la volonté du peuple ivoirien de participer à une élection libre et crédible. Or, nous constatons encore des zones d’ombre qui nécessitent des clarifications urgentes », a-t-il déclaré.
Il a révélé qu’environ 5 millions d’électeurs, soit plus de 70 % des inscrits, figureraient sur cette liste sans mention claire de l’identité de leurs parents, en violation de l’article 7 du code électoral. « Comment justifier que cette liste, qui a coûté 27 milliards de FCFA aux contribuables, soit aussi peu fiable ? », s’est-il indigné.
Le président de la PEC-CI a plaidé pour l’ouverture d’un dialogue inclusif entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile. « À quelques mois d’une échéance aussi déterminante, il est impératif que toutes les forces vives de la nation s’assoient autour de la table pour garantir un processus électoral apaisé », a-t-il insisté. Pour Ebrin Yao, ce dialogue doit permettre de dissiper les tensions et de répondre aux préoccupations des différentes parties prenantes, notamment sur la gestion du fichier électoral et l’indépendance de la Cei. Ebrin Yao s’est exprimé sur la récente actualité relative à la grève des enseignants tout en condamnant « l’enlèvement brutal » de Ghislain Dugarry Assy dans la nuit du 2 au 3 avril 2025 par des hommes armés, sous les yeux de sa fille de huit ans. « Cet acte inhumain viole leur droit élémentaire que leur confère la Constitution ivoirienne », a-t-il dénoncé.
Prix café cacao
Ebrin Yao s’est penché sur la récente fixation du prix bord champ du cacao à 2 200 FCFA/kg pour la campagne intermédiaire 2024-2025, annoncée le 2 avril par le gouvernement. S’il a salué cet effort, il a critiqué son caractère opportuniste en période électorale. « En avril 2024, alors que le cacao atteignait 7 200 FCFA sur le marché mondial, nous réclamions 2 500 FCFA pour les planteurs. Pourquoi subitement ce prix ? », a-t-il questionné, tout en estimant que ce prix reste insuffisant parce que les parents planteurs vivent, selon lui, dans des conditions déplorables. En conclusion, Ebrin Yao a salué le récent message des évêques catholiques sur les risques de crise électorale et a appelé les partenaires internationaux, notamment l’Union Européenne, à ne pas cautionner une élection « taillée sur mesure ». « Nous voulons des élections crédibles et transparentes, acceptées par tous au soir du 25 octobre 2025 », a-t-il lancé, plaçant l’avenir du pays entre les mains d’un peuple conscient et d’un Dieu « maître du temps et de la vérité ».
Moustapha Ismaïla
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