La Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG) a lancé, lundi 22 septembre 2025, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, la troisième session de formation de son Académie de la bonne gouvernance et du leadership anti-corruption.
Après deux sessions consacrées aux élus et hauts cadres de l’administration, cette étape est dédiée au secteur privé, avec la participation de 50 entreprises publiques et privées. L’objectif est de renforcer leurs capacités en matière de conformité et de prévention de la corruption, enjeu important pour la compétitivité et l’attractivité économique de la Côte d’Ivoire.
« La corruption est un fléau qui mine la confiance, affaiblit les institutions et freine le développement. Sa prévention repose sur des dispositifs robustes et une sensibilisation permanente », a rappelé Gbakou Monnet Patrick, directeur de cabinet du président de la HABG et président du comité d’organisation.
Pour le président de la HABG, Epiphane Zorro Bi Ballo, cette initiative illustre la volonté de doter les entreprises ivoiriennes d’outils concrets pour instaurer des mécanismes de conformité efficaces.
« Le secteur privé apporte deux tiers des financements du Plan national de développement. Il doit donc être compétitif, solide et intègre », a-t-il insisté, avant d’ajouter :
« Le développement, dans aucun pays au monde, ne repose exclusivement sur l’État. Pour preuve, lorsque vous parcourez le Plan national de développement de la Côte d’Ivoire pour la période 2021-2025, le budget global s’élève à 100 milliards de dollars pour financer la croissance, créer des richesses, soutenir l’emploi, lutter contre la pauvreté et construire des infrastructures de base. Sur ces 100 milliards, 74 milliards de dollars doivent provenir du secteur privé. Cela signifie que les deux tiers des ressources nécessaires reposent sur lui. Voilà pourquoi il est indispensable de bâtir un secteur privé compétitif, performant et solide, capable non seulement de mobiliser des ressources au niveau national, mais aussi à l’international, et d’exporter ses activités. C’est dans cette logique que la HABG a jugé important d’ouvrir une lucarne de formation à l’endroit du secteur privé. C’est un processus que nous engageons », a-t-il fait savoir.

De son côté, Nicole Nkoa, directrice du Programme d’appui aux gouvernements ouverts francophones (PAGOF 2), a salué « la première action concrète découlant du mémorandum signé en 2024 entre la HABG et l’Agence française anti-corruption », soulignant l’importance de ce partenariat technique.
Le Fonds de développement de la formation professionnelle (FDFP), représenté par Liabra Rachel, a confirmé un appui financier de 63,6 millions de FCFA pour former 100 cadres issus de 50 entreprises, afin de favoriser l’intégration de bonnes pratiques, notamment à travers la norme internationale ISO 37001.
Pour sa part, Antoine Ullestad, représentant de l’Agence française anti-corruption, a mis en garde : « La corruption est une menace directe pour la vie des affaires, le développement des entreprises et la bonne santé des économies. Elle se cache, et pour la combattre, il faut de la transparence, de la détermination et des actions collectives. La transparence va de pair avec la connaissance et la maîtrise des risques. Connaître les zones de risques permet de les prévenir et de les combattre. C’est pourquoi la cartographie des risques est l’outil principal d’un dispositif de prévention efficace.
La détermination est également essentielle. La lutte contre la corruption exige une prise de conscience au plus haut niveau des organisations, qu’il s’agisse des États, des collectivités territoriales ou des entreprises. Lorsque les dirigeants font preuve d’exemplarité et disent clairement non à la corruption, le phénomène recule de lui-même. La sensibilisation et l’information à tous les niveaux sont donc primordiales pour permettre aux personnes les plus exposées de reconnaître les risques et de résister aux sollicitations.
Enfin, l’action collective doit être menée aussi bien au plan international, afin que la corruption ne profite pas des différences de normes entre les pays, qu’au niveau national, à travers la coopération entre secteurs public et privé. Aucun État ne peut combattre seul ce fléau. »
Cette session de cinq jours est organisée avec l’appui de l’Agence française anti-corruption et Expertise France.
Harry Diallo, depuis Yamoussoukro
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