Guillaume Fandjinou, Narcisse Sepy Essoh, Moussa Diabaté et Essis Kaudjhis, tous responsables de structures de formation des fonctionnaires et agents de l’État, se sont prononcés sur la manière d’arriver à une transformation structurelle et culturelle de l’administration publique.
“Transformation structurelle et culturelle de l’administration publique” était le thème de l’un des ateliers qui ont eu lieu le jeudi 26 juin 2025 au Palais de la Culture d’Abidjan, à Treichville, lors de la deuxième journée de la 5e édition des Journées de la Fonction Publique (JFP). Cet atelier, animé par des responsables de structures en charge de la formation des fonctionnaires et agents de l’État, a vu la participation de Narcisse Sepy Yessoh, Directeur de l’École Nationale d’Administration (ENA), Moussa Diabaté, Directeur du Centre National d’Éducation à Distance de Côte d’Ivoire, Guillaume Fandjinou, Directeur d’une École de Management en collaboration avec l’État, et Joseph Assi-Kaudjhis, Directeur du Centre Africain de Management et de Perfectionnement des Cadres (CAMPC)..Tous ont été unanimes sur le fait que le premier outil pour transformer l’administration est la formation continue des cadres. « Quand on parle de transformation culturelle et structurelle, cela implique que les agents publics bénéficient de formations. Il est essentiel qu’ils soient accompagnés en termes de renforcement de capacités et de développement des compétences », a-t-il déclaré.
Le CAMPC est une institution diplomatique de service public, créée pour accompagner l’administration publique dans le renforcement des capacités et dans l’assistance-conseils aux administrations des pays membres (Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Gabon, Niger et Togo). « Nous sommes donc la cheville ouvrière de cette transformation culturelle et structurelle de nos administrations, à travers les formations que nous organisons, les missions d’assistance-conseil que nous réalisons auprès des États membres, ainsi que la recherche que nous développons au sein de l’institution », a affirmé la Direction du CAMPC. Pour elle, la recherche génère des connaissances, des compétences et des savoirs. « Ce sont ces compétences et savoirs qui vont nourrir la réforme et permettre à nos administrations d’être beaucoup plus performantes. Dans un premier temps, il faut se former. C’est très important pour nos administrations. Il est nécessaire de développer ses compétences. »
[ Guillaume Fandjinou : « Il s’agit de faire en sorte d’avoir une administration de plus en plus performante » ]
À la tête d’un établissement privé d’affaires, Guillaume Fandjinou collabore étroitement avec l’État pour la formation de ses cadres. Il souhaite également un renforcement de la politique de formation. Depuis 2018, il forme des hauts cadres de l’administration publique. 240 d’entre eux participent à des programmes à Abidjan et au Québec, au Canada. Depuis deux ans, il a entamé la formation de sous-directeurs, avec environ une quarantaine de participants. De plus, 650 cadres intermédiaires et supérieurs de l’administration publique suivent un programme triennal.
« Tout cela nous a permis de prendre conscience d’un certain nombre de problématiques qui se posent au niveau de l’administration publique et d’y apporter des éléments de réponse en termes de renforcement des capacités. Cela va de la nouvelle conception de la gestion publique, axée sur la valeur ajoutée pour les citoyens, à la mise en place de budgets et de gestion axés sur les résultats. Il s’agit de faire en sorte que nous ayons une administration de plus en plus performante. Cependant, le nœud de tout cela demeure le facteur humain. Nous avons décidé, plus que jamais, de faire du facteur humain l’objet de toutes nos attentions, afin de booster ses capacités et de faire en sorte qu’il soit vraiment le moteur de toute cette transformation. C’est cela notre contribution à l’administration publique », a-t-il déclaré
[ Narcisse Yessoh Sepy, Directeur de l’ENA : « Les décorations et les prix d’excellence, des facteurs importants » ]
Le Directeur de l’ENA, Narcisse Yessoh Sepy, a évoqué d’autres aspects à prendre en compte dans la politique de transformation qualitative de l’administration, notamment les actions visant à récompenser les meilleurs agents. « La volonté de transformer culturellement les agents de l’État est accompagnée par celle d’améliorer leurs conditions de vie et de travail. L’autre élément qu’il faut souligner est le blocage des salaires, qui est un point pertinent. Il y a aussi la mise en place du prix d’excellence pour les meilleurs fonctionnaires et agents de l’État, ce qui nécessite des ressources financières. Les sessions de décoration annuelles organisées dans tous les ministères, où se trouvent des ordres de mérite, en sont un exemple. C’est le cas au ministère de la fonction publique, où, à l’occasion des JFP, plus de 500 agents de tout niveau statutaire sont reconnus dans les différents grades de l’ordre du mérite de la fonction publique. Ce sont des facteurs importants qui devraient favoriser cette transformation », a-t-il déclaré.
Moussa Diabaté a, pour sa part, mis l’accent sur la digitalisation des services, afin de les rapprocher davantage des populations qui, selon lui, restent les vrais juges. Pour lui, la transformation des fonctionnaires et agents de l’État passe également par une accentuation du contrôle du service. « Au ministère de la fonction publique, avec le principe de l’OSEP, des bornes tactiques sont installées dans des directions régionales pour recueillir les avis des usagers. Cela permet d’avoir un retour sur la qualité du service public qui leur est délivré. En ce qui concerne l’évaluation, il est important de noter que les questions posées avec la ministre d’État sont systématiques. En début d’année, elle donne des lettres de mission à chacun de ses directeurs, et en fin d’année, chacun des directeurs vient faire le point sur les activités qu’il a menées, qu’il avait lui-même définies. Je pense que c’est une bonne pratique qu’il faudrait reprendre ailleurs », a-t-il ajouté..
Avant cette conférence, un premier événement s’était tenu et était axé sur : « Zoom sur la fonction publique, d’hier à aujourd’hui ». Cette deuxième journée d’activité a également été l’occasion pour la ministre d’État, Anne Désirée Ouloto, de décorer 230 agents dans l’ordre du mérite de la Fonction publique, à savoir 37 commandeurs, 67 officiers et 134 chevaliers.
Jean-Hubert Koffo
Lire l’article original ici.